Des Séries et des Hommes tourmentés
3e Rencontres Havre Séries
Du 7 au 9 décembre 2017
Après s’être intéressés aux rapports que les séries entretiennent avec les femmes (2015) puis avec les politiques (2016), voici le temps de se tourner vers les hommes. Non pas en tant qu’ils représenteraient l’humanité dans son ensemble, mais des hommes, autant dire le masculin, parce que ce genre évolue de manière passionnante en ce début de XXI° siècle.
Certes, c’est probablement le personnage des Soprano, Tony Soprano, l’inoubliable James Gandol ni qui a ouvert le bal : quand avions-nous vu un dur de la mafia, qui tue de ses propres mains dès l’épisode 5 de la saison 1, avoir des états d’âme, des attaques de panique le contraignant à consulter une psychanalyste ? Dans le cinéma classique, les grands gangsters sou raient de névroses (que l’on pense à James Cagney dans L’Enfer est à lui de Raoul Walsh en 1949), mais le diagnostic était posé hors narration, par le spectateur et non par un héros qui accepterait ses faiblesses...
Depuis une quinzaine d’années, le traitement des personnages masculins a considérablement évolué, et ce, pour plusieurs raisons. D’une part, la société elle même bouge sur ce sujet, de l’autre, les chaînes câblées américaines -et en particulier HBO- ont fait preuve de moins de puritanisme que les grands networks soumis aux diktats de la publicité. A leur tour, les chaînes européennes ont suivi le mouvement. Du coup, de plus en plus de jeunes hommes -mais aussi de femmes- scénaristes, showrunneur, réalisateurs, s’attachent à les décrire, avec autant d’exigence que, souvent, de tendresse.
Ce troisième volet de « des séries et... » vient donc en contrepoint du premier qui, en 2015, s’était intéressé à ces femmes qui, à l’écriture, ou dans la conception même de la narration nous avaient donné à réfléchir sur une nouvelle complexité dans la représentation du sexe que l’on ne dit plus « faible ».
Cette fois, nous nous tournerons vers ces personnages masculins qui composent avec leur fragilité, ou pas, qui pactisent avec la virilité que la société attend d’eux, bref avec ces hommes que le critique américain Brett Martin qualifie de «tourmentés», qu’ils soient pères de famille, agents secrets, prêtres ou juges... voire, pourquoi pas, producteur, scénariste, acteur...
Carole Desbarats , Responsable artistique des rencontres